Né en 1937 à Port-au-Prince, en Haïti, installé à New York où il suit les cours de l’Art Students League à partir de 1957, Hervé Télémaque reconnaît en Arshile Gorky l’une de ses sources d’inspiration fondatrices ; les œuvres de ces années américaines sont empreintes de l’influence de l’Expressionnisme Abstrait. Mais parce qu’il doit faire face, à New York, à un racisme latent, c’est Paris que Télémaque choisit en 1961. Alors qu’il s’y nourrit de l’héritage surréaliste, il donne à ses œuvres un ton très politique : en 1963, My Darling Clementine souligne, pour les dénoncer, nombre de stéréotypes racistes.
Guidé par le souvenir des influences pop côtoyées à New York avec Roy Lichtenstein, Andy Warhol ou Jasper Johns, Télémaque fait ses premières recherches, au début des années 1960, dans la veine de la Figuration Narrative. Son œuvre y est définitivement associée à partir de 1964, date de sa participation à l’exposition « Mythologies quotidiennes » au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, qui constitue pour la Figuration Narrative un moment fondateur.
L’esthétique facétieuse de la Figuration Narrative, cependant, ne suffit pas à résumer l’œuvre d’Hervé Télémaque. Et s’il se nourrit, comme les autres membres du groupe, de l’omniprésence des images publicitaires et d’actualité, c’est l’indignation qui de plus en plus, au fil des années, fait surface dans ses œuvres. À l’image de Mère-Afrique qui, en 1982, dénonce la violence de l’apartheid en Afrique du Sud.