HERVÉ DI ROSA, TÊTE BRÛLÉE (1999)
Hervé Di Rosa, Tête Brûlée (1999)
Gravure au linoléum brûlé, collage et rehauts
Épreuve d’artiste, signée et numérotée II/IV
66 x 50 cm
En location, 130€ par mois pendant trois mois
Puis 810€ à l’achat
Né à Sète en 1959, étudiant à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Hervé Di Rosa expose très jeune, dès ses vingt ans. Avec François Boisrond, Robert Combas (tous trois partagent alors un atelier) et Rémi Blanchard, il fonde la Figuration Libre, qui marque le renouveau de la peinture dans les années 1980. Les œuvres de Di Rosa, qui empruntent à de multiples formes d’art sans hiérarchie de valeurs, témoignent de la richesse de ses influences.
Dans son univers narratif prolifique, des personnages récurrents côtoient des éléments surgis de ses obsessions d’archiviste - collections de voitures et d’avions miniatures, figurines articulées de science fiction, enseignes peintes, jouets inspirés par des personnages de bande-dessinée - et de sa curiosité pour les objets imprimés :
« J’ai passé ma jeunesse à courir les bouquinistes et les librairies, plus que les musées.
Tout ce qui était imprimé revêtait pour moi une importance capitale : beau livre illustré
ou papier qui emballe les fruits, affiches de cinéma ou fascicules de bandes-dessinées
vendus dans les kiosques. »
-Hervé Di Rosa
Puis, mû par la volonté de diversifier encore son approche des techniques, Di Rosa commence un tour du monde qu’il organise en « Étapes », dont la première a lieu en 1993. Auprès d’artistes et artisans, il se forme et apprend comment, ailleurs, on fabrique les images. De ces voyages qui le mènent de la Tunisie en Bulgarie, au Ghana, à Cuba, au Viêtnam, en Éthiopie, aux États-Unis, au Bénin ou en Israël, naissent de riches collaborations.
« Ce qui m’intéresse, c’est que l’autre m’envahisse.
Ce sont les artisans qui mettent la main sur mes pièces ;
j’aime qu’ils les transforment. »
-Hervé Di Rosa, cité par Richard Leydier
dans ArtPress n°472 (décembre 2019)
En 2000, Hervé Di Rosa fonde à Sète le Musée International des Arts Modestes (MIAM), un lieu qu’il a pensé pour montrer la variété des formes de création admirées depuis sa jeunesse : « On y revalorise certaines productions méprisées, on met sur le devant de la scène des gens qui n’apparaissent jamais, on est du côté des marges, des frontières, des périphéries. » (Hervé Di Rosa)
Tête Brûlée
Cette gravure est issue d’une série tirée en 1999 sur les presses de l’atelier Pasnic à Paris.
« Avec la pratique [du carborundum], je repartais à zéro, car au lieu de superposer plusieurs couches de dessins en une seule couleur, comme dans la lithographie ou la sérigraphie, il me fallait assembler les matrices supportant les couleurs, comme un puzzle sur la presse qui ne touchera la feuille qu’une seule fois. Ici, point de trames, de dégradés de crayons ou de lavis, mais des creux et des bosses qu’il faut colorer différemment. (…) Le carborundum permet aussi, par une sorte d’emboutissage du papier, d’obtenir de véritables matières et des épaisseurs intéressantes. » (Hervé Di Rosa)
Les têtes de cette série ont été créées à partir de galets, de bois flottés et de débris de bord de mer collectés par Hervé Di Rosa lors de sa septième étape autour du monde à Patrimonio, en Corse. Il y combine des effets techniques appris au Viêtnam, où il a réalisé une série de laques incrustées de nacre et de coquille d’œuf.
« Tout ce qui me passait entre les mains, je l’écrasais, le collais, découpais les formes délimitant les visages et nous assemblions toutes ces parties sous la presse. (…) Ces recherches de matériaux me rappelèrent la lecture des carnets d’atelier de Jean Dubuffet, qui lui aussi retrouvait ces sensations délicieuses de gamin à coller, malaxer, imprimer. Les collages de Dubuffet étaient très formels car issus d’une importante réflexion théorique. Les miens sont des visages grotesques, des masques, des caricatures, des trognes, des monstres. » (Hervé Di Rosa)
« L’édition et l’estampe m’ont permis de renouveler mon travail,
de faire des trouvailles techniques, de collaborer avec d’autres artistes (…).
L’édition apprend le partage. (…) Grâce à ces ateliers, je pus créer un échange d’expériences,
un début de transmission avec des artistes plus jeunes ou venus d’univers très différents. »
-Hervé Di Rosa
L’œuvre d’Hervé Di Rosa a été exposée dans des institutions d’envergure en France - au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (1988), au Musée du Quai Branly (2014), à la Maison rouge - Fondation Antoine de Galbert (2015) - et à l’étranger - en Afrique du Sud à Durban et Johannesburg (2000), au Mexique dans les musées d’Oaxaca, Monterrey, Merida, Mexico (2002), et aux États-Unis (2004, 2005) notamment.
BIBLIOGRAPHIE :
HERVÉ DI ROSA, 2000 TÊTES POUR L’AN 2000, TEXTES DE JEAN SEISSER, ÉDITIONS DES ALPES, 2000